A propos de ce blog

Ils ont écrit:

Que tu te fasses “incendier par les puristes photo”, comme tu dis, cela ne m’étonne pas. Il est vrai que moi-même, en voyant les textes sous tes photos, je me suis dans un premier temps interrogé, et demandé si cela était nécessaire, d’orienter ainsi le regard du “spectateur”, de plier le signe sur le sens, comme dirait l’autre.
Mais après cette première réaction basique, j’ai compris que tout ça était un jeu proposé au lecteur-voyeur, et qu’on ne pouvait pas séparer ces photos de leurs commentaires textuels, et que tes questions / regards étaient une invitation à la réponse (confirmation, contradiction, déplacement), et ceci à l’infini (potentiellement), questionnant au fond la réception de l’image en même temps que l’image elle-même, et produisant au fur et à mesure une œuvre collective qui ne t’appartient plus — ce que je trouve très intéressant et peu commun dans ce champ là…
Partant donc de ton propre regard, c’est le regard des autres qui t’emmène (et emmène celui des commentateurs) vers d’autres regards (et commentaires), à l’encontre de l’idée d’une interprétation univoque. Je ne dis pas que les artistes ont cette conception là, mais toi, ici, tu proposes aux autres de partager / créer un espace artistique, à contre-courant des pratiques “ego”. Peut-être que du côté des sciences humaines, des sociologues, voire des philosophes ou des chercheurs, la perception de ton travail serait moins “puriste” que du côté des photographes ? À voir !

Serge Dentin,
Directeur de Polly Maggoo, programmation de films et vidéos contemporains.

5 réflexions sur « A propos de ce blog »

  1. Je suis tout à fait d’accord avec ce que dit Serge Dentin.
    Cela me rappelle ce que disait Daniel Mermet (écrivain, journaliste à France Inter) à propos de l’exposion de Serge Sautereau « Une ombre au tableau » au Cnit de La Défense en 1992:

    « Serge Sautereau est le genre du type qui vous amène jusqu’à une porte fermée et qui vous laisse là avec un jeu de cinquante millions de clés.
    Libre à vous ou non de croire qu’il y a quelque chose derrière cette porte. Un angle ou une ombre, un soir ou un matin, un désert ou quelqu’un. Je ne sais pas encore, je sais seulement, contrairement à ce qui s’aboie çà et là, que « les jeux ne sont pas faits »
    (fin de citation)

    « Les jeux ne sont pas faits », c’est tout l’intérêt de cette démarche dans laquelle ces multiples clés conduisent à ouvrir de multiples portes, tant au point de vue plastique, sémiologique, philosophique, psychologique, mystique…
    Pour ma part, j’ai un réel plaisir à suivre cette( ces) voie(s), parfois sur des chemins parallèles qui me sont propres.
    J’ai moi-même perdu un père trop tôt, et c’est aussi sur ses traces que me conduit Serge, mais pas seulement cela.
    Merci à lui. Et à Serge Dentin pour son commentaire éclairé.

  2. Le commentaire de Serge Dentin est juste.
    Tes photos offrent ta vue avec ton histoire, et au lieu de t’échapper complètement, comme dans le cadre d’une expo, ou d’autres blogs, leurs résonnances, dans nos vies avec nos histoires, te reviennent avec nos commentaires.
    Peut-être même qu’une construction commune s’ébauche inconsciemment, ou pas ..
    Il n’y a pas une vérité…
    Il y a des hommes.

  3. Nous nous y prenons tout à fait différemment pour photographier / retrouver / oublier / offrir un tombeau à nos disparus.
    Et pourtant, toujours cette entêtante pente de la photographie à dire et écrire l’absence.
    Vos images et vos mots raisonnent.
    Merci

  4. Détails, soubassements, effluves matérielles des choses, qui toujours nous nourrissent durablement, par delà l’ombre de nos morts. Voir enfin les choses, les découvrir littéralement, comme eux, les morts, ont dû les voir et les faire exister. Les choses perdurent, par nos yeux qui cherchent, hagards, aveugles, troublés, et que toujours, les choses, font vibrer.

    Gilbert Pinna, dessinateur et professeur de philosophie

  5. « Mes morts vivent » est une œuvre magnifique qui interroge la vie après la mort des êtres les plus chers, sous une forme très délicate, qui se tient à la lisière de la tragédie et du drame tout en restant à distance – une distance grave, triste et légère à la fois : errances, pas de côté, sauts dans le vide des objets du monde ici-bas – faute de pouvoir aller au-delà. L’hybridité du récit-photo permet d’approcher au plus près cet entre-deux mondes. Parce que les photos ne sont pas seules, mais orientées/désorientées par une courte légende, vous donnez à voir l’humaine condition – ni totalement noire, ni totalement blanche : on a beau faire, on n’arrive pas à être muet face au mystère et on n’est que partiellement aveugle. Autant ne pas rester terrassé, yeux fermés et immobile. Autant cheminer. S’approcher. Voici ce que vous nous dites en substance, tout au moins ce que j’ai ressenti, page après page

    Geneviève Pruvost,
    Chercheuse à l’Institut des sciences humaines et sociales (INSHS)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *